par cyrius malcor Ven 7 Juil 2006 - 16:13
comme les récits ne parlent toujours que de batailles, j'avais envie de changer un peu de genre. désolé pour les inconditionels de bonne baguarre.
Les fumées âcres et sombres des cigares s’élevaient calmement au plafond dans la chaleur ambiante de la pièce et l’odeur des Havanes offrait une sensation de calme pour les quatres vieillards assis à chaque coin de la petite chambre.
« Je vous en prie, messire Larnian, au vétéran d’ouvrir le bal. » dit avec sérénité le petit homme moustachu qui trônait sur avec grandeur sur un imposant fauteuil de velours.
A l’autre coin de la pièce, un vieillard de grande taille totalement imberbe se leva de sa chaise et agita sa longue robe tout en observant de ses yeux bleus – presque violacés – l’assemblée.
« Mes études dans les différents domaines de l’espace ne s’étaient jamais vraiment concrétisés car même des études laborieuses ne peuvent expliquer des sujets aussi irrationnels tels que les chemins du temps ou encore les flux rapides et imprévisibles des dimensions. Ma rencontre avec les neufs connaissances m’apportèrent les vérités qui me manquaient pour pouvoir vraiment percer tous les mystères me tenant à cœur. Mais pas seulement car je pu aussi découvrir le monde de l’abstraction, l’univers des formes et des couleurs changeantes, l’empire de l’insensé et de l’incroyable. On m’emporta dans ce que j’aime aujourd’hui appeler mon monde kaléidoscopique… »
Le silence retomba un moment puis les trois hommes applaudirent avec émerveillement les paroles étranges du vieillard. Tout en se tenant le dos avec un rictus de douleur, il se rassit sur sa vieil chaise de bois et se frotta un moment son crâne chauve avant de tourner son regard sur l’homme qui se tenait debout à sa droite. Ce dernier était encore jeune et sa carrure puissante dominait avec force et brutalité le reste de l’assemblée, paraissant sénile devant cette échine de taureau et ces bras de buffle.
« Comme vous le savez, je ne suis pas ce qu’on appellerait un homme de science. J’ai longtemps fait carrière dans l’armée impériale, où j’étais capitaine dans les hallebardiers de Middenheim. Cependant, je ne dirais pas que je suis totalement ignorant à la science puisque la guerre en est une sorte. La seule d’ailleurs à ne proposer aucune théorie au novice. La seule science à offrir une seule voie, une seule dangereuse liaison avec la vérité. C’est dans ce domaine que j’ai rencontré les huit folies de la guerre. Elles m’apportèrent un avis tout autre sur la mentalité de l’être humain, sur la folie de ses actes, sur la barbarie monstrueuse de la guerre. Ce n’est pas un monde de connaissances que j’ai découvert mais un univers de violence terrifiante et de bestialité animale ou tout n’est que sang et crâne, ossements et viscères, souffrance… et mort…. »
Là encore, un lourd silence presque menaçant s’imposa avant que l’assemblée n’applaudisse devant une telle pièce. L’homme recula d’un pas dans l’ombre du coin de la pièce, juste au dessous d’un tableau montrant une terrifiante scène duel entre un frêle petit homme en armure et une terrifiante créature toute de muscles et de chair à la tête bestiale et cornue. Ce fut au tour d’un troisième personnage, frêle et chétif, de prendre la parole. L’homme était d’un âge certain et son teint maladif laissait apparaître une certaine sorte de faiblesse physique.
« L’étude dans le domaine de la maladie et de la mort ne portait pas non plus ses fruits. Je passais des nuits dans les cimetières à déterrer illégalement des cadavres fraîchement inhumés pour disséquer leurs corps sans vie dans l’espoir de toujours mieux comprendre les rouages du corps humain. Vous le savez, j’eus quelques ennuis avec la justice lorsqu’on découvrit mes activités nocturnes. C’est pour ça que – il s’arrêta un moment pour cracher un long filet de salive verdâtre dans le plus proche cendrier – j’ai pris contact avec les sept abominations de la vie. Ce sont elles qui m’instruirent en m’offrant les sujets d’études telles que l’immortalité, la maladie et l’agonie. C’est dans ces heures d’études que je pouvais creuser les questions fondamentales comme on creuse avidement dans un cadavre encore chaud. »
Le silence tomba une troisième fois mais personne n’applaudit cette fois, les trois hommes se contentèrent de sourire amicalement au vieillard mourant. Le dernier homme, moustachu et encore frais et beau malgré un âge avancé, se leva de son grand fauteuil pour conclure la réunion.
« Je suis ce qu’on appelle un homme de femmes. Je ne suis pas un scientifique, ni un soldat, je ne suis qu’un simple homme qui a longtemps profité du sexe opposé pour assouvir les plaisirs, ou plutôt les besoins, naturels de l’être humain. Ainsi, les six péchés m’ouvrirent les portes de la perversion, du plaisir éternellement renouvelé. C’est dans ces instants d’orgasme patibulaires que j’ai pu goûter aux plus beaux moments que ce qu’un homme peut endurer. Drôle de circonstance en effet puisque la douleur et la mort ne se révèlent pas aussi contraire au plaisir que ce que l’on peut penser… »
Un silence léger s’éleva cette fois-ci car les trois hommes regardaient chacun dans le vide, repensant à ces moments de faim étrange et incroyable.
« Je pense en fait que nous pouvons être chacun fier de nos parcours respectifs et ne pas regretter ce que la société traite comme inhumaine. » conclut l’homme à la grande robe
Mais le calme de la pièce fut brisé lorsque de forts coups à la porte retentirent. Derrière cette dernière, une voix s’éleva, menaçante : « Ouvrez, au nom de l’empereur ! »
Les quatre hommes se sourirent mutuellement puis se levèrent dans un même élan pour accueillir les nouveaux arrivants. La porte s’ouvrit dans un grand fracas et trois hommes armés entrèrent.
« Messieurs, vous êtes tous en état d’arrestation pour hérésie et allégeance aux dieux sombres ! »
« Vous ne nous apprenez rien messire, nous vous suivons. » répondit le petit homme à l’air maladif…